La cabrette

       Unique compagnon du violon sous l'Ancien Régime, la cabrette a permis d'animer tous les cortèges et toutes les fêtes, dans toutes les montagnes d'Auvergne. La cabrette était toujours en tête du défilé pour les mariages et les fêtes locales.

         Ici encore, l'instrument a pris le nom de l'animal avec la peau duquel on a fait l'outre. La cabrette (petite chèvre) est une cornemuse beaucoup moins rustique que les autres.

      En premier lieu, la peau est recouverte de velours, ce qui enlève l'aspect roturier à l'instrument. Ensuite, le sonneur ne souffle plus dans la poche : l'air est fourni par un soufflet activé par l'avant-bras. Enfin, si au début la cabrette avait, au-dessus du boîtier dans lequel sont emmanchés les deux hautbois, une tête de chèvre rappelant l'origine, ou un gaulois moustachu, un lion ricanant, ou même un homme avec son chapeau sculpté dans le bois, aujourd'hui cette sculpture est toute autre. C'est donc un instrument qui a perdu toute sa ruralité.

          La forme actuelle des cabrettes tend à s'uniformiser et cela n'en est que mieux. En effet, l'instrument était réalisé en fonction de la fortune de celui qui la commandait. Il est donc nécessaire de décrire l'instrument dans les diverses parties qui le composent.

Le soufflet

          Il est constitué de trois éléments de bois :  un plancher revêtu d'un coussinet qui permet l'appui de l'avant-bras à l'aide d'une courroie, un fond percé servant à l'admission de l'air par l'intermédiaire d'un clapet, et un arceau maintenant le cuir cloué autour de ces éléments.

Le raccord

          Il est fabriqué dans du buis ou de l'ivoire, et relie le soufflet un sac.

       Il est réalisé en deux parties démontables entre lesquelles se trouve le clapet en cuir souple qui empêche l'air contenu dans le sac de s'échapper lors de la pression du bras gauche.

Le sac

       C'est une peau de chèvre tannée cousue à l'intérieur, et percée du côté gauche pour recevoir le raccord et à son extrémité pour recevoir la tête.

La tête

       C'est la partie de la cabrette qui stigmatisait la fortune du propriétaire, car elle n'a aucune influence sur sa sonorité.

Les boîtes

       Les boîtes reçoivent le pied et le bourdon. Elles servent de raccord entre le sac et le chalumeau, mais également à la protection des anches.

         Réalisées en deux parties, en ivoire, en buis ou en ébène. Les plus modestes sont réunies par une simple ligature en laiton, ou une bague de cuivre ou de métal argenté. Les plus riches, en ivoire, sont assemblées à l'aide d'une bague d'argent finement ciselée sur laquelle est gravé le nom du musicien.

Le pied

        Il est tourné en buis ou en ébène, et quelque fois en noyer.  Les facteurs du XVIIe et XVIIIe siècle ont aussi utilisé l'érable.

      Aux extrémités du pied, on rencontre des viroles d'ornementation en ivoire. C'est la longueur du pied qui donne la tonalité de l'instrument. Cette longueur varie de 32 à 60 cm. Les tonalités sont en Ut (39 cm), afin de pouvoir jouer avant la vielle et l'accordéon, et en La (47 cm), qui par l'ampleur et la plénitude de son chant sert à jouer les regrets.

         Le pied, aussi appelé le hautbois ou le chalumeau, est d'une perce longitudinale conique. Il est percé par ailleurs de 8 trous, dont 6 de jeux, et 2 de sonorité ou de clarté et d'accord.

       Comme pour tous les hautbois, le perçage est un travail très délicat. La tessiture de la cabrette ne dépasse pas une octave.

Bourdon et Chanterelle

      L'accompagnement est réalisé par un bourdon ou une chanterelle. Si la fonction est identique, la chanterelle est comparable à un pied, et reçoit comme celui-ci une double anche, alors que le bourdon, de perce longitudinale cylindrique, reçoit une anche battante.

       L'aire de jeu est vraisemblablement le plateau de l'Aubrac. La cabrette est utilisée dans sept départements :  l'Aveyron, le Cantal, la Corrèze, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère et le Puy-de-Dôme.