Le deuxième groupe créé en Haute-Vienne
En 1923, René Farnier, Jean Rebier et Albert Pestour créaient à Limoges, le plus ancien groupe folklorique de la Haute-Vienne : l'Eicola dau Barbichet. Rassemblant des jeunes limougeauds désireux d'apprendre la langue et les danses limousines, l'association comptait parmi ses membres des étudiants originaires du département. L'un d'entre eux, André Bernis, étudiant en médecine et originaire de La-Croisille-sur-Briance, encouragea son frère Adrien à le rejoindre pour apprendre à jouer de l'accordéon.
Puis, tous deux eurent l'idée de créer un groupe folklorique à La Croisille.
Après avoir obtenu l'autorisation du Majoral Farnier, ils firent part de leur projet à leurs copains du village, et c'est ainsi que naquit au cours de l'été 1936, l'Eicola dau Mount-Gargan.
1936 : l'Escòla dau Mont-Gargan est née !
Il fallait rapidement mettre en place la logistique de l'association. Un bureau fut déclaré en préfecture avec à sa tête le pharmacien du village, Georges Roux.
Les jeunes filles cherchèrent dans les armoires des grands-mères jupons et coiffes tandis que les garçons trouvèrent dans leurs familles blouses et chapeaux. La jeune société compléta le tout en achetant du tissu à Limoges pour la confection des robes.
Le programme des danses était tout trouvé: on reprendrait les grands classiques de la région, exécutés par l'Eicola dau Barbichet (lo pelele, la jaça, la crotzada, lo cotilhon vert, lo manuguet, la grande bourrée, etc...), le tout accompagné par l'accordéon, la cabrette et la clarinette, et supervisé par le «maître danseur», Justin Deprat.
En 1937, le groupe fera l'acquisition d'une cabrette et d'une vielle.
Le théâtre était également au programme puisque la troupe du groupe interprétait les pièces en langue limousine du Majoral Farnier.
Le groupe se produisit pour la première fois à Surdoux, le 13 septembre 1936, puis dans la plupart des villages alentours pour leur fête patronale ou leur concours agricole, comme à Châteauneuf-la-Forêt, Saint-Germain-les-Belles, Masseret, La Porcherie et bien sûr La Croisille-sur-Briance.
La guerre éclatant en 1939, l'activité du groupe connut une première interruption.
L'Escòla dau Mont-Gargan reprit pourtant en 1941, avec de nouveaux membres venus remplacer les départs, pour les manifestations données en l'honneur et au bénéfice des enfants du pays, prisonniers du Reich.
Le groupe exporta son dynamisme et son folklore hors du Limousin, en allant se produire à la station thermale du Mont-Dore la même année.
Pourtant l'Escòla dau Mont-Gargan, cessa son activité au début de l'année 1943.
La libération et l'armistice ne suffiront pas à faire renaître le groupe, la plupart des jeunes membres s'étant mariés, ayant quitté le pays, ou exerçant une activité professionnelle très prenante.
De 1943 à 1952, le groupe cessa complètement toute activité.
Un événement suffira pourtant à générer un renouveau : « Les fêtes de la Briance », organisées à Boisseuil, au château de La Planche, réunissant plusieurs groupes et associations.
A l'occasion de cette fête, certains anciens membres de l'Eicolo dau Mount-Gargan n'hésitèrent pas à remettre le costume pour participer à cette manifestation qui fut un succès.
« Le spectacle commença par un défilé [...] l'eicolo dô Mont-Gargan, groupement rapidement reconstitué et qui, pour ses nouveaux débuts, s'en tira avec une maîtrise et une aisance très remarquées... » ( Le Populaire du Centre ; 7 juillet 1952 )
Mais cet engouement, qui permit au groupe de se produire au château de La Planche, mais également lors d'autres manifestations (notamment la fête locale de La Croisille), fut de courte durée, puisqu'il se limita à l'année 1952.
En 1962, à l'occasion de la fête patronale de La Croisille, un groupe de jeunes croisillauds eut l'idée de revêtir le costume des parents, voisins ou cousins ayant appartenu à l'Eicola dau Mount-Gargan. Ils confectionnèrent un char dénommé lo gerbo baudo mettant à l'honneur les traditions limousines et en soirée ils exécutèrent cinq danses du répertoire.
Le succès fut tel que d'autres communes souhaitèrent à leur tour recevoir ces jeunes limousins pour une démonstration de danses folkloriques. La jeune équipe se structura alors en une association dénommée Amicale du Mont-Gargan.
Sous la présidence de Lucienne Lascaux, l'association trouva son inspiration dans l'Eicola dau Mount-Gargan : son bureau était en grande partie constitué d'anciens membres du groupe et d'autre part, les danses furent apprises aux jeunes par d'anciens danseurs. Quant à la musique, on fit bien entendu appel aux talents de Louis Jarraud, cabretaire émérite du groupe de 1936.
Tout alla très vite.
En 1966, l'association opta définitivement pour la qualification de groupe folklorique en reprenant le nom d'Escòla dau Mont-Gargan.