De nombreux artistes comme Jérôme Bosch (XVe siècle), Georges de la Tour (XVIIe siècle), et bien d'autres, la représente aux mains des pauvres, des mendiants et des aveugles.
Vers la fin du XVIIe siècle, des membres de la noblesse ayant entendu les airs à la mode joués par des musiciens ambulants, vont s'éprendre de la vielle.
Au XVIIIe siècle, l'engouement pour l'instrument se poursuivant, il va être réhabilité par l'opinion et atteindre son âge d'or. En effet, à l'époque, la mode est au rustique. La vielle va donc profiter de ce goût pour la bergerie, et toutes les dames de la cour vont vouloir en jouer.
Les plus grands musiciens de l'époque vont même composer de la musique pour vielle (chacones, menuets, sarabandes, sonates, concerti...). La mode conduit des membres de la famille royale et leur entourage à s'intéresser à cet instrument. Madame Adélaïde, le comte de Cheverny, ou encore le comte de Clermont auraient joué avec bonheur de la vielle...
C'est également à cette époque (1716) que le luthier Bâton imagine de transformer des guitares inutilisées en vielles. On ne voulut plus alors que des vielles à caisse de résonance plate, donnant un son à la fois plus fort et plus doux que les vielles du XVIIe. Quatre ans plus tard, ce même Bâton eut l'idée d'utiliser d'anciens corps de luths et de théorbes, ce qui donna naissance aux vielles dites en forme bateau, avec la caisse de résonance bombée.
La vielle connaît le succès à la cour, mais aussi en d'autres lieux. Elle est très vite adoptée dans les milieux urbains, notamment sur les boulevards ou au théâtre, où Françoise Chemin, surnommée Fanchon la vielleuse, excelle dans plusieurs comédies et drames. La mode de la vielle se répand également en province, où se multiplient les luthiers. C'est sous le règne de Louis XVI, couronné en 1774, que la vielle commence à être délaissée à Versailles. La mode passe, et la vielle retombe dans la condition modeste où elle se trouvait auparavant. On la retrouve à nouveau dans la rue, jouée par les mendiants et les petits Savoyards migrants, qui quêtent en viellant sur les routes de France.
Le XIXe siècle voit la vielle associée à la tradition régionale. C'est essentiellement dans le centre de la France que l'on retrouve l'instrument, particulièrement en Bourbonnais, où sont fabriquées la plupart des vielles, par des luthiers de renom tels que Pajot, Pimpard, Nigout, etc. Enrubannée, la vielle anime alors les fêtes votives, et fait tournoyer les couples dans les noces.
Régressant tout au long du XXe siècle, la vielle ne subsiste que dans les campagnes. Le Berry et le Bourbonnais constituent alors le principal réservoir de vielleux. Maintenue pendant longtemps grâce aux groupes folkloriques et aux associations de musique traditionnelle, la vielle connaît toutefois aujourd'hui un renouveau, notamment par l'intermédiaire des Rencontres Internationales des Luthiers et Maîtres Sonneurs, qui se déroulent chaque année à Saint-Chartier (Indre).
Certaines personnes vont même jusqu'à revoir la silhouette de l'instrument, afin qu'il évolue de nouveau, et qu'il reprenne un second souffle...